L’AX 10E c’est la 2 CV des années 80 : l’auto qui retrouva le sens de l’essentiel

AX 10E

L’AX 10E la 2 CV des années 80, l’auto qui retrouva le sens de l’essentiel

Parfois de nos jours l’automobile fait appel à des ornements clinquants, été 1986, Citroën en présentant sa nouvelle « petite », l’AX et plus précisément son modèle d’appel la 10 E était dans le dénuement et le dépouillement le plus monastique.

En effet sur le plan des équipements à bord l’AX 10 E était une liste à la Prévert inversée, et l’on aurait pu faire une brochure avec écris pas de, pas de, pas de !

Pas de : lunette arrière chauffante, de montre, d’appuie-tête, d’essuie-glace arrière, de vitesse intermittente au mono essuie glace avant, de dossier inclinable, de servo-frein, de boîte à gants, de feu arrière de brouillard, de rétroviseur côté droit, de voyant de niveau minimal de carburant, de pare soleil côté passager ni de vide poche dans sa portière, pas plus que de contacteur de plafonnier à ladite portière. Et probablement que le lecteur veuille m’en excuser j’en oublie pléthore.

Une fois passé ce cap du « pas de », cela me fait penser à un autre modèle de la firme sorti trente huit ans plus tôt, je nomme naturellement l’éternelle 2 CV. A ceci près que si l’austérité de la 2 CV était revendiquée, celle de l’AX était un peu moins encline à l’ascétisme que celle de l’immédiate après-guerre.

Et pourtant à y regarder de plus près l’AX 10E était bien la 2CV des années 80 tant elle en avait à la fois des qualités routières évidentes et la simplicité fuyant toute esbroufe et paraître pour se concentrer sur l’essentiel : l’être.

En fait, l’AX 10E ne savait faire, comme la 2CV, qu’une seule chose, mais elle le faisait bien, amener son ou ses passagers d’un point A à un point B. Et hormis, son freinage quelque peu rustique, la faute au servo-frein manquant, elle le faisait avec un talent évident parce qu’elle avait ce que n’avait aucun en autre, ni la Ford Fiesta, ni l’Opel Corsa, ni l’Austin Métro, ni la Fiat Uno d’ailleurs, elle avait pour son époque un châssis exemplaire qui faisait référence. Une voiture légère, réactive, pouvant être parfois presque insolente.

Evidemment m’objecteront les esprits chafouins, avec ses 45 chevaux, c’était parfois un peu court. Mais pas tant que cela finalement.

Donc si l’on résume le descriptif de « la bête » qui pouvait bien avoir envie et décider de s’offrir une AX 10 E en 1986 ?

Les sybarites (personne qui recherche les plaisirs de la vie dans une atmosphère de luxe et de raffinement) ? Certainement pas.

Alors les radins ? Pas tant que cela, car en dépit de tout ce que l’on a dit ci dessus la petite voiture au chevrons n’était pas particulièrement compétitive niveau prix de vente.

Que reste t’il ? Les pragmatiques ? On commence là à se rapprocher de la cible, mais il y fort à penser que ces derniers s’orientèrent vers une 11 RE, voire soyons fous une 11 TRE, dont moteur 1,1 l et quelques presque embourgeoisements présentaient des arguments plus convaincants que l’authentique 10 RE qui avait fait serment de pauvreté, entre son 954 cm³ de 45 CV et son équipement rustre et rustique.

Non, en réalité, l’acquéreur d’une AX 10E prenait sa décision en connaissance de cause, sans laisser place au hasard. Ce pouvait être un conducteur considérant que seule la base confère une culture solide et pérenne.

Ou bien un ascète qui ne cherchait à résister à la tentation. Ou encore la voiture que l’on offre au fils ou à la fille qui vient d’obtenir son carton rose, ou bien la voiture que le paysan achète en remplacement de sa vieille 2cv ou 4L et ainsi de suite. Des autos partageant le même esprit que l’AX 10E il en a existé, la 205 XE, la supercinq de base, la Fiat Uno 45, plus tard la Fiat cinquecento puis seicento…

En tout cas l’on est loin du low-coq actuel qui ne consiste qu’à dissimuler une sorte de recyclage de voitures hors d’âge sous un design faussement simpliste, juste pour masquer un retard technologique.

Alors que l’AX fût-elle en 10E était une auto techniquement avancée pour son époque avec notamment une aérodynamique soignée de 0,31, qui était un score remarquable pour l’époque. A titre de comparaison aujourd’hui une Porsche 911 revendique un CX de 0,29 et un Skoda Kodiaq de 0,33.

Et puis l’AX 10E atteignait une vitesse maxi de 140 km/h pour une consommation moyenne autour de 5,3 l ce qui était frugal à l’époque pour un 4 cylindres fusse-t’il de 954 cm³ seulement.

Dotée d’une boite 4 vitesses et d’un poids plume de 647 kg elle faisait preuve d’une certaine agilité et maniabilité capable de faire demi tour sur elle même en 9,6m. Longue de 3,50 m elle se garait partout et était économe même en pneumatiques étant chaussée de 135/70 R 13.

La qualité intérieure surtout de la phase 1 était modeste et il lui fallut attendre quelques années et la phase 2 pour recevoir un tableau de bord d’une pièce de meilleure facture.

Néanmoins, peut-être dans une nostalgie certaine, il est difficile de ne pas voir dans la vaillante AX 10E, l’une des dernières représentante d’une époque où l’on essayait de tirer les attentes des acheteurs vers le haut, au lieu de se contenter « bêtement » de se plier à des désirs souvent dictés par mimétisme et soif de reconnaissance sociale.

L’AX 10E était la voiture anti macho par excellence, sans obsession ostentatoire. Elle était confortable, agréable à conduire avec l’essentiel, un volant, trois pédales, un moteur. Elle avait ce charme du minimalisme d’un prix d’appel qui fait bien défaut aujourd’hui avec la disparition des C1 et autres 108 et Panda.

Elle était l’automobile d’une clientèle voulant de déplacer d’un point à un autre sans s’encombrer de superflue, ce type de voiture pour lesquelles l’expression « de base » inspirait par l’humilité et la sincérité qu’elle dégageait. Elle était de ces voitures qui n’avait peut être pas grand-chose à offrir mais qui au moins ne trompait personne, sincère et honnête quoi.

Ces voitures ont disparues.

D’ailleurs ce qui résume le mieux cette AX 10E était son slogan publicaitaire « l’AX, la voiture de ceux qui ne mettent pas tout leur argent dans leur voiture ».

Elle était Citroën, populaire.

Nostalgie quand tu nous tiens, à l’heure où les voitures deviennent immersives dans la vie du conducteur, rappel de franchissement de ligne avec volant qui vibre et tire l’auto dans le droit chemin, anti ceci et anti cela, bref les auto d’hier c’était un autre temps celui des libertés, aujourd’hui les voitures sont celles des contraintes.

André Malraux disait que « la liberté appartient à ceux qui l’ont conquise ».

Il est peut être venu le temps de dire à nos géants de l’automobiles STELANTIS et autres, que nous voulons encore des voitures à conduire et à vivre, et pas des robots immersifs, non ?

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