La paix est préférable à la guerre, axiome partagé de tous, néanmois…

Derrière le soutien affiché à l’Ukraine des gouvernements occidentaux, la fourniture d’armes et l’aide financière, se profile une série de discours sceptiques émis par certains politiques notamment d’extrême gauche et d’extrême droite mais aussi d’une gauche plus « conventionnelle », qui nous avait habitué à plus de réflexion et de modération.

Depuis le 24 février 2022, date à laquelle la Russie a attaqué de front l’Ukraine, une partie de l’opinion publique et des politiques qui ont en commun leur anti OTANisme (NPA, LFI, PCF, RN…) nous expliquent qu’il faut négocier la paix avec Poutine, sans pour autant – évidemment – vouloir faire de parallèle avec l’entrevue de Montoire du 24 octobre 1940 !

Evidemment, vu de très loin, il suffirait que Kyiv renonce à une partie de son territoire et se déclare neutre pour que la guerre s’arrête.

Et puis se joue en bruit de fond, par ceux là même dans un espèce de ni-ni populiste aux frontières brouillées, une sorte de ni Poutine ni Zelenski, petite musique de ce que finalement l’Ukraine de Zelenski serait un pays peu fiable, corrompu et ne respectant pas les droits de l’Homme.

Finalement à les entendre, le tout-puissant maître du Kremlin serait prêt à négocier, alors que ces coriaces Ukrainiens s’obstinent à vouloir libérer la totalité de leur territoire et ne tolèrent qu’une victoire franche et nette sur la Russie.

Que penser du propos de la tête de liste des communistes au journées d’été du PCF ce dimanche 27 août 2023, Léon Deffontaines qui lors de son discours de clôture insiste sur le fait qu’il oppose un refus « d’encourager la guerre. Arrêtons d’ajouter la guerre à la guerre » et continue de plaider pour une négociation avec la Russie.

Que la paix soit préférable à la guerre est évidemment un axiome que tout le monde partage.

Certains Européens qui, engourdis dans l’étrange brouillard d’un syndrome de Stockholm, reprochent à l’Ukraine de ne pas vouloir la paix, ajoutent à une grave faute morale une faute politique et stratégique majeure.

Par cette étrange alchimie, ils en viennent à reprocher à la victime son acharnement à vouloir se défendre.

Des questions se posent pourtant :

Doit-on conclure la paix à tout prix avec Poutine ?

Doit on le faire au prix de la souveraineté de l’Ukraine et de son intégrité territoriale ?

Une telle paix sera-t-elle durable ?

Quel crédit apporter à la signature de Vladimir Poutine qui, encore vingt-quatre heures avant l’invasion, assurait que le risque d’attaque contre l’Ukraine était le fruit de l’imagination malade des Occidentaux ?

Est il indélicat de penser qu’une telle paix favoriserait au contraire de nouvelles velléités à Poutine et de nouvelles guerres ?

En ne ne voulant pas « humilier la Russie », c’est-à-dire en lui donnant la possibilité de se sentir victorieuse en engrangeant des conquêtes territoriales, nous créons d’évidence les conditions pour une globalisation de la guerre à toute l’Europe, voire même au-delà ?

Oui bien sûr qu’il faut économiser des vies humaines c’est le bon sens. Mais face à un Poutine qui continue à bombarder à tout va et massivement des infrastructures civiles, reculer devant lui, qui ne connaît que la force et les rapports de force ce serait tout simplement perçu par le dictateur comme un feu vert non pas seulement au meurtre des Ukrainiens et à la destruction de leur Etat mais aussi à l’invasion des pays baltes, de la Pologne…

Nous serions excessivement crédules si nous ne soupçonnions pas Vladimir Poutine de vouloir user de la paix comme d’un instrument tactique, sans jamais renoncer à son objectif stratégique : la destruction de l’Ukraine et l’extension territoriale de son État aux dépens des voisins.

Ceux qui reprochent à l’Ukraine de vouloir continuer la guerre jusqu’à la victoire, sont en revanche prêts à offrir, afin de l’apaiser, une victoire à la Russie.

Pour mieux comprendre l’immoralité et la cécité de ces arguments, comparons simplement ce que “la victoire” signifie pour l’Ukraine et pour la Russie. Pour la première, cela veut dire la libération de son territoire et la restauration de son intégrité territoriale dans les frontières internationalement reconnues et rien de plus. La victoire ukrainienne ne signifie pas la conquête de villes et de régions de la Russie, la prise de Moscou, la tenue d’un défilé militaire des forces armées ukrainiennes sur la Place rouge ou encore l’installation au Kremlin d’un régime loyal à Kyiv. En revanche, la victoire que certains de nos politiques sont prêts à concéder à Poutine signifie la conquête des territoires ukrainiens. Il s’agit d’un acte non seulement immoral, mais aussi illégal au regard du droit international. Nous semblons oublier que Moscou occupe encore militairement en Ukraine un territoire grand comme presque trois fois la Belgique et que plusieurs centaines de villes et de villages ukrainiens sont rasés, que des millions d’Ukrainiens sont encore réfugiés ou déplacés et que des dizaines de milliers d’enfants ukrainiens, orphelins pour la plupart, ont été enlevés et déportés en Russie.

Comment peut-on encore croire Poutine quand il parle de paix ? Rappelons qu’il s’agit d’un homme qui a bafoué tous les traités internationaux, les accords bilatéraux et les lois de son propre pays, y compris les lois qu’il a lui-même fait adopter. Comment croire l’homme qui nous assurait que la guerre contre l’Ukraine était inimaginable et qui, la veille encore d’une invasion préparée depuis de longues années, protestait qu’il s’agissait là d’une hystérie occidentale sans fondement ?

La paix avec Poutine aujourd’hui signifie en réalité plus de guerre, plus de morts et plus de destructions.

Poutine ne peut pas recommencer la guerre, la guerre est dans la nature même de l’homme et du régime qu’il a instauré et qu’il dirige en dictateur sanguinaire.

Tant qu’il ne sera pas défait, il continuera d’user de ce moyen pour perpétuer son pouvoir.

Par ailleurs cette paix de pacotille n’éviterait en rien le risque de menace nucléaire. La bombe atomique fait partie de leur rhétorique, de Poutine, de son vassal Medvedev, de son état major. Poutine gouverne par la terreur et à montré au monde entier lors de ce conflit la faiblesse de ses armées dites conventionnelles. La menace nucléaire est l’unique argument qui lui permette de tenir encore le monde en joug.

Et de dire qu’il ne faut pas humilier Poutine pour éviter le feu nucléaire est absurde.

D’ailleurs, qu’est-ce que la notion « d’humiliation » ? Quel est le point à partir duquel la Russie de Poutine commence à se sentir humiliée ? Faut-il pour ne pas l’humilier lui concéder la moitié de l’Europe pour que la Russie retrouve ses frontières tsaristes ?

Faut-il rappeler que Poutine, sous forme d’ultimatum, exigeait à la veille de l’invasion de l’Ukraine le retour de l’OTAN à ses positions d’avant 1997 ?

Faut-il pour ne pas l’humilier lui donner la Crimée et le Donbas et lui donner ainsi le blanc seing de se lancer dans une nouvelle guerre contre la Pologne et l’Europe ?

Faut-il rappeler aux anti OTAN que ni l’OTAN ni Washington ne sont à l’origine de cette guerre ?

Que même l’on peut dire qu’en réalité, les Etats-Unis ont trop longtemps été timorés dans la fourniture de leur aide. Pendant trop longtemps, ils accordaient trop peu, trop tard et ceci toujours au nom du sacro-saint principe de la “non escalade”.

Poutine a besoin de la guerre pour survivre. Chaque « paix » est un moment de répit stratégique et la préparation d’une prochaine guerre.

L’histoire de l’empire russe est une succession des traités de paix et de retours à la guerre pour conquérir des nouveaux territoires en faisant fi des accords conclus quelques années auparavant.

Et puis si nous le le faisons pas pour les Ukrainiens, faisons le pour nous européens, français, être faible avec Poutine qui ne comprend que la force et les rapports de force, ce serait reculer pour mieux sauter et voir la guerre à nos portes demain.

Ceux qui en parlent le mieux d’ailleurs sont le député européen français Bernard Guetta et Raphaël Glucksmann.

Rappelons aussi la résolution des députés socialistes et apparentés en date du 24 février 2023 qui proposent une résolution de soutien et redisent leur soutien total à l’Ukraine, jusqu’à la victoire ; lesquels socialistes déclarent :

La place de la France est aux côtés des Ukrainiennes et Ukrainiens, leur combat est celui du droit, de la liberté que notre République proclame depuis plus de deux-cents-trente ans.
Nous n’avons pas le droit de faire défaut à ce combat des Ukrainiennes et Ukrainiens qui tiennent aujourd’hui la frontière de notre sécurité, la frontière de notre civilisation, la frontière de l’Europe que nous voulons et que les Socialistes œuvrent à construire depuis soixante-dix ans, et bien plus en réalité.
C’est pour la défense de cette ligne de conduite qu’ont plaidé et agi les députés Socialistes et apparentés depuis le 24 février 2022, et nous n’entendons pas en varier jusqu’à la victoire du droit qui sera la victoire de la résistance ukrainienne.

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