“Sénateurs, montrez que vous êtes nécessaires.”

Décision est prise par la première Ministre d’avoir recours à l’article 44.2 au Sénat pour obtenir un « votre bloqué » sur le projet de loi de réforme des retraites.

L’article 44.2 de la Constitution c’est la façon expéditive sur demande du Gouvernement de permettre que « l’assemblée saisie se prononce par un seul vote sur tout ou partie du texte en discussion, en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le gouvernement ».

En clair, au lieu de discuter et voter article par article, le vote se fait sur le package de la loi en son intégralité, pour, contre ou abstention. Et comme LR et macronistes sont majoritaires au Sénat, banco se dit le Gouvernement dans une forme de panique de passer son texte « quoi qu’il leur en coûte » !

En fait le 44.2 c’est le 49.3 pour le Sénat.

Victor Hugo clama en son temps : “Sénateurs, montrez que vous êtes nécessaires.”

Et donc bientôt ce sera au tour de la navette et du retour du texte à l’Assemblée Nationale et de son adoption avec là encore la façon expéditive du 49.3 sauf, sait-on jamais qu’une motion de censure soit votée par toutes les oppositions de la gauche mélanchoniste à une partie de la droite de Pradié aux députés Horizon et quelques autres Renaissance… jusqu’au nationalistes FN-RN !

Parfois la tactique politique et la vue au delà du bout de son nez, peut réserver quelques surprises aux Gouvernements et les faire tomber en un rien de temps, c’est là l’un des charmes de la démocratie sous la Vème République.

Mais la question de fond n’est pas là, elle est à mon sens beaucoup plus simple et brutale : Sont ils devenus fous ?

Y a t’il quelqu’un au Gouvernement d’assez influent pour dire et raisonner les autres mais aussi raisonner l’Elysée ?

Comprennent ils l’onde de choc que cela va générer ?

D’évidence, depuis le départ, l’intention présidentielle et les consignes transmises à la première Ministre et de faire que les débats tant à l’Assemblée et au Sénat se déroulent fissa.

Mais se rendent ‘ils compte qu’il vont au carton ?

Quand il y a trois millions de gens qui descendent dans la rue, sixième manifestation toutes immenses depuis quelques semaines, et qui silencieusement mais avec discernement et détermination expriment leur refus de travailler deux années de plus d’une réforme de classe, je ne suis pas sur que le peuple de France accepte et je pèse mes mots.

Tant on ressent sur le terrain une colère sourde, aigre et déterminée, un raz-le-bol qui fait suite à la crise des gilets jaunes, à la crise du COVID et ses confinements infantilisants, à la perte de sens dans le travail, aux hiérarchies toujours plus abjectes avec le profit comme seule boussole, à la crise du pouvoir d’achat, à la peur de la guerre, au fait que la génération de nos enfants n’a plus une situation meilleure que celle de leurs aiëux…

Une société peut-elle vivre sans espérance ?

D’évidence non.

Le sens de l’Humanité c’est le progrès. A chaque fois que la régression s’est imposée, elle fut plus ou moins éphémère, mais elle fut toujours un échec.

Il faut, Monsieur le Président, savoir renoncer.