Miguel de Unamuno, l’humaniste

photo d'archives

Dans la période que nous traversons, il me semblait intéressant de vous livrer une traduction que je viens de faire du Discours de Salamenque du 12 octobre 1936 par Miguel de Unamuno, recteur de l’Université et professeur de droit canonique

Miguel de Unamuno était né le 29 septembre 1864 à Bilbao, dans cette Espagne féodale où seule l’élite savait lire et écrire. Mes arrières grands-parents nés à la fin du 19ème siècle, ouvriers agricoles étaient tous quatre illettrés.

Miguel de Unamuno qui figure parmi les plus grands écrivains de l’Espagne est un homme de passions animé par de multiples contradictions qui va voir l’arrivée de la IIème République d’Espagne le 14 avril 1931 d’un œil inquiet. Mais rapidement face à la politique sociale qu’elle mène et face surtout à la montée du fascisme en Europe, il va en intellectuel et humaniste, devant le Putch franquiste évoluer et défendre jusqu’à son dernier souffle la liberté et la démocratie.

Il est mort le 31 décembre 1936 à l’âge de 72 ans à Salamanque.

Vous attendez tous ce que je vais dire car vous me connaissez et vous savez que je ne peux garder le silence. Il est des circonstances où se taire serait mentir car cela pourrait être interprété comme un acquiescement.

Je voudrais ajouter quelque chose au discours — si l’on peut ainsi l’appeler — du général Millan Astray, présent ici parmi nous. Ne parlons pas de l’affront personnel que m’a fait sa violente vitupération contre les Basques et les Catalans. Je suis moi-même né à Bilbao et l’évêque assis à mes côtés que cela lui plaise ou non, est un catalan de Barcelone.

Je viens d’entendre le cri mortifère et insensé de Viva la muerte ! Et moi, qui ai passé ma vie à façonner des paradoxes qui ont soulevé l’irritation de ceux qui ne les saisissaient pas, je dois vous dire, que ce paradoxe barbare est pour moi répugnant. Le général Millan Astray est un infirme. Disons-le sans arrière-pensée discourtoise. Il est invalide de guerre. Cervantes l’était aussi. Malheureusement, il y a aujourd’hui, en Espagne, beaucoup trop d’infirmes. Et il y en aura bientôt encore plus, si Dieu ne nous vient pas en aide. Je souffre à la pensée que le général Millan Astray pourrait fixer les bases d’une pensée de masse. Un infirme qui n’a pas la grandeur spirituelle d’un Cervantes recherche habituellement son soulagement dans les mutilations qu’il peut faire subir autour de lui.

Millan Astray ne put se retenir plus longtemps. A bajo la inteligencia ! — s’écria-t-il — Viva la muerte ! Avec la clameur des phalangistes présents dans l’amphithéâtre.

Unamuno poursuivit, toujours aussi calmement :

Cette université est le temple de l’intelligence et je suis son grand prêtre. C’est vous qui en profanez son enceinte sacrée.

Vous vaincrez par ce que vous possédez plus de force brutale qu’il ne faut, mais vous ne convaincrez pas.

Car, pour convaincre, il faudrait que vous persuadiez. Or, pour persuader, il vous faudrait avoir ce qui vous manque, la raison et le droit. Je considère comme inutile de vous exhorter à penser à l’Espagne.

J’ai terminé.

Oh bonjour 👋
Ravi de vous rencontrer.

Inscrivez-vous pour recevoir les #Alertes de Pau7.fr

Nous ne spammons pas ! Consultez notre [link]politique de confidentialité[/link] pour plus d’informations.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*