Ce matin, j’ai vu les yeux de la France de Robert Guédiguian

11.000 à 12.000 manifestants à Pau, 10.000 à 11.000 à Tarbes, une mobilisation massive, large et déterminée.

J’ai croisé sur le cortège de Tarbes que j’ai pris le temps une fois arrivé en tête, de me poser et de regarder passer dans toute sa longueur, durant cinquante minutes, interminable. Une succession de regard hagards, inquiets, sombres, déterminés, silencieux, tristes.

Peu de « bruit », peu de musique, peu de chants révolutionnaires entonnés à tue tête, tout au contraire, beaucoup de femmes et d’hommes qui probablement ne bâtent pas souvent le pavé, qui ont désertés les premiers mai et autres symboles des conquêtes sociales.

J’y ai vu la France silencieuse, celle des invisibles, celle qui vote parfois ou même souvent ne vote plus, lasse de trahisons en déceptions.

J’y ai vu des visages tirés, tannés, fatigués, fermés, de celles et ceux qui font la France du travail.

J’y ai vu quelques sourires, de rares rires et aucun fou rire.

J’y ai vu la France de celles et ceux qui travaillent pour vivre et qui ne veulent pas y laisser leur peau.

Cette France qui peut-être pour beaucoup n’est jamais allé voir une représentation classique au théâtre, passer quelques jours en Toscane, visiter le Louvre, se poser aux Rencontres d’Arles, s’émerveiller au MOMA, se recueillir au camp du Struthof ni même peut-être à Oradour-sur-Glâne, ou Gurs.

Cette France que l’on appelait autrefois la France du prolétariat, c’est à dire cette classe sociale d’ouvriers, d’employés.

Cette France que l’on traite de fainéante alors qu’elle est tout au contraire vaillante et courageuse.

Cette France qui a connu le bonheur de voir ses grands-parents partir à la retraite à 60 ans.

Cette de France qui porte en elle la valeur travail, comme étant la force qu’elle apporte à la réalisation de quelque chose de manufacturé ou non mais toujours socialement utile.

Cette France pour laquelle parfois le travail en devient même une forme d’aliénation.

Cette France que j’ai vu ce matin, elle est simplement celle que décrit si bien Robert Guédiguian, c’est la France de « Marius et Jeannette ».

Le cortège de ce matin comme ceux du 31 et 19 janvier était nourri d’un colère froide et profonde, d’un mélange de désespoir et d’espérance dans de nouveaux jours heureux.

Comment « des énarques » peuvent ils rester sourd aux appels du peuple ?

Face à ces millions de femmes et d’hommes qui manifestent dans la rue et à toutes celles et ceux qui ne descendent pas sur le bitume pour mille et une raison mais qui en partagent les inquiétudes, tels d’ailleurs que cela est démontré par les enquêtes d’opinions qui se succèdent, je ne pense pas que l’on puisse imposer un acte de régression sociale en ignorant ses citoyennes et citoyens.

Photo : Alain Mila

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