Il y a 84 ans, le camp de Gurs pour les « indésirables »

Il y a 84 ans, la « Retirada », cette retraite des républicains espagnols fuyant la mort et le franquisme.

Après la chute de Barcelone, en janvier 1939, civils et militaires républicains espagnols espèrent trouver en France une terre d’accueil, mais se heurtent à un accueil glacial et des conditions de rétention indignes.

Aux yeux de tous, il est clair que le combat engagé trois ans et demi plus tôt par les républicains contre la sédition du général Franco est perdu. La chute de la Catalogne, puis de ce qui reste de l’Espagne républicaine n’est plus qu’une question de semaines. Les représailles franquistes ont en revanche, elles, commencé. Dans Barcelone, on fusille à tout-va les républicains.

C’est pour fuir ces massacres que se met en place, dans le plus grand désordre, un exil au travers les Pyrénées vers la France : « la Retirada ». En plein hiver 1939, sous la neige, démunis, ayant tout abandonné dans leur fuite, harcelés par l’artillerie et l’aviation des franquistes et de leurs alliés allemands et italiens, les républicains se massent à la frontière, que le gouvernement français tient hermétiquement fermée par des troupes d’infanterie.

Nombreux sont ceux qui passant par les cols pyrénéens arrivent dans le Béarn.

Et en 1939, les députés des trois circonscrip­tions basques sont des hommes de droite. Parmi eux, le leader incon­testé est Jean Ybarnegaray, député de Mauléon. Forte personna­lité, il est le seul candidat du département à avoir été élu dès le pre­mier tour des législatives de 1936. Orateur brillant et farouche par­tisan des nationalistes pendant la guerre civile, il déploie une grande activité pour expliquer que la cohabitation de Basques espagnols, « rouges » et turbulents, avec les Basques français, traditionnellement hostiles à la gauche, serait une source de désordre dans une région jusque là paisible.

Alors l’on va construire un camp, à Gurs, que l’on appellera tenez vous bien « le camp de concentration pour miliciens espagnols », comme le relayera et le titrera le journal bien nommé « Le Patriote ».

La nouvelle provoque évidemment un vif soulagement chez les uns et une nouvelle tempête de protestations chez les autres.

Jean-Louis Tixier-Vignancour, le jeune député d’Orthez, est scandalisé que sa circons­cription ait été choisie pour « un tel cadeau » ; il déclare avec éloquence que ces réfugiés constituent « toute une armée non seulement de l’anarchie, mais du crime international ». Ce sont des indésirables.

Ce camp de concentration pour républicains espagnols sera édifié à la va vite à Gurs, ce petit village situé aux confins du Béarn et de la Soule, la province basque la plus orientale. Il sera bâti en 42 jours sur sur 80 hectares d’un site inhospitalier humide, boueux et marécageux. Il pourra y accueillir 18.000 réfugiés espagnols.

Puis la guerre, mondiale désormais vint. Alors dès la fin de la zone libre fin 1942. Le camp sera alors utilisé par le régime de Vichy pour y interner des militants du Parti communiste français, et puis ensuite des juifs. Et se sont près de 4 000 juifs qui furent transférés de Gurs à Drancy, entre le 6 août 1942 et le 3 mars 1943, puis via le trajet de non retour en Pologne au camp de la mort d’Auschwitz Birkenau où ils furent presque tous exterminés.

Aujourd’hui le Camp de Gurs est un mémorial qui se visite et qui est l’un des nombreux sites de France avec Oradour-sur-Glane, le Stutthof à Natzweiler, le mémorial de la Shoah à Drancy et tant d’autres desquels l’on peut raconter l’indicible et faire vivre la mémoire pour que nul n’oublie la souffrance de ces hommes, femmes, enfants, vieillards innocents.

POUR SE RENDRE AU CAMP DE GURS c’est facile, depuis Bayonne : A64, sortie n°7, direction Oloron-Sainte-Marie et depuis PAU il convient de prendre la direction Oloron-Sainte-Marie, puis Navarrenx.

POUR ALLER PLUS LOIN SUR LA GUERRE D’ESPAGNE ET LA RETIRADA : vous pouvez lire « une enfance retrouvée » que j’ai publié en 2019 pour le 80 ème anniversaire de la Retirada. Il est épuisé en librairie mais il m’en reste quelques exemplaires, contact : alainmilaauteur@gmail.com et sa réédition enrichie est en projet. Le petit opus de 70 pages est préfacé par Jean Ortiz, professeur honoraires à l’université de Pau et des Pays de l’Adour.

Crédit photo : collection privée Alain Mila

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