Hommage d’Emmanuel Macron au Résistant Jacques Bloch

Disparu samedi 28 janvier, le résistant et déporté Jacques Bloch partageait avec son cousin l’historien Marc Bloch, qui le fit entrer dans l’armée des ombres, la force du courage, le goût des mots, la passion de la République.

Jacques Bloch vit le jour le 7 juillet 1924 dans une famille où le patriotisme et la défense de la République étaient plus que des idéaux : des principes de vie et d’action. Deux de ses oncles avaient été tués au combat pendant la Première guerre mondiale, où son père, Marc-André Bloch avait servi comme artilleur quatre ans durant. Dans les années 1930, ce dernier, professeur de khâgne au lycée Poincaré de Nancy, vint en aide aux juifs allemands fuyant le nazisme. Muté au lycée Lakanal de Sceaux, ce lettré laïc et ardent défendait la République depuis sa chaire et jusqu’à y risquer sa vie. Il enseigna à son fils l’esprit de résistance et de sacrifice dans ces temps de déraison et de haine antisémite. A quatorze ans, Jacques Bloch fut lui-même victime d’une tentative d’enlèvement de la part de militants de l’Action française.

Jacques Bloch put ainsi mesurer l’engrenage qui mena la Nation de la défaite à la collaboration. Il vit son père être rappelé à son devoir de soldat en 1939. Il le vit encore revenir de captivité en 1941, puis être révoqué de son poste de professeur parce qu’il était juif. Il fut le témoin de la réquisition de la maison familiale par les Allemands. Les Bloch se réfugièrent alors à Thilouze près de la ligne de démarcation. En février 1942, ils s’échappèrent quand un garde champêtre les avertit de leur arrestation prochaine. Ce fut un cousin de son père, l’historien Marc Bloch, qui leur prêta une maison dans la Creuse, où la famille put trouver un peu de répit, grâce à la solidarité des habitants. Là, Jacques Bloch poursuivit ses études au lycée de Guéret, mais l’antisémitisme d’Etat le priva d’exaucer sa vocation première, la médecine. Il trouva alors, dans la Résistance, le chemin d’un autre engagement fidèle à ses idéaux.

Ce fut Marc Bloch qui joua les intercesseurs vers l’armée des ombres. En effet, Jacques Bloch avait pressenti que le cousin de son père ne s’était pas résigné à l’étrange défaite. Il lui fit part de son vœu d’entrer dans la lutte clandestine. Marc Bloch accepta l’offre de services du jeune homme qui n’avait pas vingt ans, voulut en faire son adjoint, y renonça après avoir constaté que la chevelure rousse de Jacques Bloch n’était pas propice à la discrétion, mais l’aiguilla vers d’autres points de contact. En février 1944, sous le pseudonyme de Jacques Binet, Jacques Bloch se retrouva dans les rangs des Forces françaises de l’intérieur. Il y fit preuve d’une bravoure exemplaire, participant à la libération de Guéret le 7 juin 1944, au cours de laquelle il fut gravement blessé. Alors qu’il se remettait de l’amputation de son bras, dénoncé par un milicien, il fut fait prisonnier par la division SS Das Reich. Livré à la Gestapo, Jacques Bloch fut torturé pendant sept jours. Puis, alors que l’armée nazie plongeait dans la débâcle, il fit partie des quelques derniers prisonniers retenus comme otages, et emmenés à ce titre vers l’Allemagne.

Jacques Bloch arriva à Buchenwald en septembre 1944. Jeune mais encore convalescent, il alterna entre le camp de travail et bloc des invalides. Sous le matricule 85235, muni d’un triangle rouge réservé aux prisonniers politiques, il continua son action clandestine, couvrit ses carnets de poésie, et se lia d’amitié avec l’écrivain Jacques Lusseyran. En avril 1945, les Allemands organisèrent l’évacuation du camp. Lors de marches harassantes, les déportés, privés de nourriture, étaient exécutés au premier signe de faiblesse. Jacques Bloch finit par s’évader en compagnie d’un camarade.

De retour en France, Jacques Bloch poursuivit son engagement pour le bien public, en devenant administrateur du Sénat. Marqué à jamais, Jacques Bloch avait choisi la discrétion, l’étude exhaustive de l’Histoire, pour tenter d’élucider ce que sa vie avait traversé d’épreuves, et trouver, par-delà le mystère du mal absolu, cette « lumière » dont parlait Jacques Lusseyran. Il se rendait à Guéret chaque année où l’ancien maquisard de vingt ans participait aux commémorations de la Libération.

Le Président de la République salue cette haute figure résistante, qui ne s’abstint d’aucun sacrifice pour défendre la patrie et la République, et dont l’épopée de combat et d’engagement demeurera un exemple. Il adresse à ses proches ses condoléances émues.

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