Cessons de goudronner les chemins de nos campagnes !

photo alain mila 04/2023

La véloroute V81, c’est projet de rejoindre Atlantique à Méditerranée en traversant les Pyrénées.

D’Anglet en Pyrénées-Atlantiques à Barcarès en Pyrénées-Orientales, ce jalonnement au pied des Pyrénées à pour vocation d’encourager l’usage du vélo pour les déplacements des locaux en permettant de relier les villages entre eux, outre l’aspect touristique qui en découle.

Le tronçon de la vélo route du piémont a été ouvert en 2022 sur 18 kms par l’agglomération Tarbes-Lourdes-Pyrénées. Il prolonge ainsi celui qui va de Pau à Lestelle-Bétharram.

Il longe d’abord le Gave de Pau entre Lestelle-Bétharram et St-Pé-de-Bigorre sur 3km, puis s’éloigne du Gave en montant à travers bois jusqu’au « Bois de Lourdes ».

Les dénivelés sont importants pour passer de Rieulhès (alt. 356m) au Bois de Lourdes (alt.410m), avec beaucoup d’ondulations.

Sur le papier l’idée est attractive.

Mais dans la réalité pratico pratique le bât blesse rapidement.

En effet quelques mois après son inauguration en Hautes-Pyrénées, la vélo route est interdite sine die sur la Commune de Saint-Pé-de-Bigorre, dès le début du chemin des Génies et jusqu’à l’entrée du chemin du Bois de Lourdes en raison de son effondrement de tout son long.

Se pose alors la question d’une aussi rapide dégradation du réseau.

Pour en trouver les pistes de solutions, il suffit probablement de penser que le fait de vouloir réaliser un tracé goudronné ne fut pas la meilleure. Je cite le cahier des charges « ..Entre 2,5 et 3m de large. Revêtu en enrobé, choisi pour permettre la pratique du roller, pour un accès facilité aux personnes en fauteuil roulant. Ils ont aussi l’avantage de durer dans le temps et de ne générer que peu d’entretien… »

L’on constate de visu que tel le kiosque de de Funès construit par le maçon Galabru dans le film « Jo » de 1971, l’avantage de durer dans le temps n’est pas là non plus avéré !

Au delà de l’anecdote, il peut apparaître lâchons le mot « absurde » de vouloir réaliser un tracé goudronné à la lisière d’une forêt, traversant des bois, sur un terrain de surcroît à fort dénivelé. L’espace ayant été préalablement bien déboisé autour – trop bien déboisé d’évidence – Et ce qui devait arrivé arriva : glissements de terrains, insuffisance des évacuations des ruissellements d’eaux pluviales et ainsi de suite. Et oui car sur le piémont, quand il pleut, il pleut et, patatras voici notre vélo route qui a dû coûter un bras comme l’on dit, partie corps et biens dans le Gave avec le flux des eaux pluviales !

Et de lire un message laconique sur les sites officiels : « Par arrêté municipal, la Véloroute V81 est interdite jusqu’à nouvel ordre sur la commune de Saint-Pé de Bigorre entre le début du chemin des Génies et jusqu’à l’entrée du chemin du Bois de Lourdes. Merci de votre compréhension. »

Arrêtons de bitumer les chemins forestiers et confions aux connaisseurs du piémont et de la montagne, notamment les paysans leur entretien.

Pour cela finalement rien de plus simple : les collectivités ont les fonds. Il leur suffirait de financer les agriculteurs locaux pour qu’ils débroussaillent et entretiennent lesdits chemins, c’est simple finalement. Probablement trop simple pour quelques technocrates !

Cela serait simple dans une société qui fonctionne « normalement » où « le sage », l’Homme de l’art, c’est à dire celui du terroir, le paysan est celui de fait en qui l’on fait confiance. Mais le système de verticalité et de décisions prises dans des bureaux climatisés aux fauteuils de cuir fait que les décideurs payeurs ne sont pas les connaisseurs. Pourtant l’on ne devrait pas traiter un chemin vicinal comme une voie rapide !

Qu’il est loin le temps des chemins de halage et des chemins vicinaux et ruraux.

Pourtant ces chemins de campagne, au cœur d’un paysage rural et cultivé, bordé de talus, de haies, de fossés, furent si longtemps un élément structurant les paysages exploités de notre vie rurale.

photo alain mila 2023

Je pense aussi aux drailles, ces chemins qui servaient à conduire les troupeaux vers les pâturages d’estives.

Alors laissons un peu faire le bon sens paysan pour l’entretien de notre ruralité et soutenons les financièrement en essayant de ne pas penser que tourisme, car ce n’est pas le tourisme qui fait la vie et le patrimoine d’un terroir, il contribue éventuellement et marginalement à sa vigueur, c’est tout.

Jules Renard avait écrit “Un paysan, c’est un tronc d’arbre qui se déplace. ”

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